En ces temps troublés de Pandémie j’écris ces lignes plus tôt que prévu. Notre situation actuelle a pour moi une vague impression de déjà-vu. Vague car précisément c’est le passage d’un déjà-lu à un maintenant-vécu. En effet, il y a plusieurs années de cela, j’avais lu le Guide de survie en territoire zombie (GSZ) et Wold War Z (WWZ) de Max Brooks. Ces deux livres dépeignent dans un contexte géo-politique particulièrement crédible, l’art de survivre pour le premier puis le récit des survivants pour le second, et dont j’ai tiré de nombreuses notes et réflexions. Mais la forme de cet écrit sera beaucoup moins exhaustive et détaillée que ce qu’il aurait été plus tard. Il y a premièrement un caractère d’urgence qui me pousse à l’écrire. Mais surtout je veux lui donner une teneur. Celle de cet instant. Ainsi, si il y a un moment où ce travail doit être lu c’est maintenant. Plus tard, c’est toujours mieux, certes, mais plus tard c’est jamais à temps !
Pour ce billet je me contenterais d’évoquer 3 axes : celui de l’information, celui de la population puis celui du pouvoir disciplinaire.
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Si la pulsion de mort est plus évidente avec les travaux de Keynes, la question de la jouissance chez Lacan sera plus adéquate avec Marx. Dans cet article revenons à Marx. La jouissance permettra de comprendre cette faim sans fin car elle n'est justement pas une satisfaction pulsionnelle. Vous avez vu dans l’article précédent comment le paiement (la satisfaction) est remis à plus tard dans la circulation de la monnaie. Cette boucle qui part de l'angoisse de mort et de manquer, c'est la jouissance. Elle s'articule chez Lacan avec une compensation (plus de jouir) d'une perte croissante et certaine de Jouissance (moins de jouir). Pour lui c’est de l’entropie tout simplement. Ainsi, le capitalisme répondrait à cette angoisse de manquer, à cette entropie dans la jouissance par un système qui vise une abondance sans faille et sans perte. A une économie angoissante de la rareté, la capitalisme répond par une jouissante politique de l'abondance.
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Cette question pourrait paraître idiote car si les zombies dévorent c’est parce qu’ils ont faim. Mais cette faim n’est pas celle du besoin physiologique. Les zombies dévorent même sans appareil digestif car ils n’ont pas besoin de se nourrir pour vivre : nul nourriture leur est nécessaire pour continuer d’être des morts qui vivent, contrairement aux vampires. D’autres pourraient me répondre plus pertinemment que les zombies mordent pour se propager et transmettre leur virus. Seulement ils peuvent tout autant mordre et griffer que dévorer complètement leurs victimes. Si le seul but était la propagation alors il n’y aurai rien qui pousse un zombie à aller jusqu’au bout de sa folie consommatrice. Cette absurdité pourrait être la conséquence irrationnelle d’un système défaillant et illogique qu’incarne la marche mortifère et inane des mort-vivants. Et effectivement, il y a bien quelque chose qui n’a rien avoir avec la Raison qui pousse les zombies dans leur insatiable fringale. Et de « pousser », c’est bien de cela dont il s’agit : la pulsion, qui se définit premièrement comme le « caractère de ce qui pousse ».
Il serait inutile de continuer à lire la suite si cette réponse était suffisante. Dans cet article il s’agira de spécifier, de quelles pulsions il s’agit et comment elles opèrent dans le capitalisme. Je veux démontrer que les zombies sont la parfaite illustration de ce que Marx nomme « pulsion enrichissement » et « pulsion d’accumulation », toutes deux se résumant par ce qui pousse au « toujours plus ». Pour comprendre ce qu’on peut entendre par là, et qui est au cœur du capitalisme, nous verrons comment la pulsion apparaît chez Marx à travers des choix dans la dernière traduction en date (2016) du Capital Livre I. Puis nous verrons comment elles sont utilisées par Freud et Keynes dans leur vision quasi commune du monde. Cela ne vous aura sans doute pas échappé, mais il y a un « I » à la fin du titre sous entendant une suite. A cet article, deux autres suivront sur le même thème : l’efficacité de la figure du zombie pour illustrer ce qui croise psychanalyse et critique du capitalisme.
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Dans le roman World War Z, Max Brooks invente une maladie mentale propre à l'invasion Zombie : les quilings. Ce terme se référant à Vidkun Quisling, un politicien Norvégien ayant collaboré avec le régime nazi, est devenu un synonyme de « traître » dans le monde anglophone. Ainsi, il fut utilisé par l'auteur pour désigner des humains qui se mettent à se comporter littéralement comme des zombies en attaquant et en mordant les autres. Dans cet article nous allons voir que cette figure psychopathologique fictionnelle servira finalement à donner corps à un propos universaliste sur la nature humaine. Un propos qui, on peut s'y attendre, sera à la hauteur des sombres situations qu'une apocalypse Zombie met en scène.
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Souvent confondus les figures que sont d'une part les zombis et de l'autre les mort-vivants ont tout intérêts à être distinguées dans un premier temps pour comprendre nos relations avec les nouvelles technologies. Nous verrons dans un second temps en quoi le recouvrement de l'un et l'autre produit du sens pour nos réflexions sur la matière numérique.
Mais avant cela, nous allons introduire notre propos par une histoire de fiction qui est le meilleur moyen de produire une exploration des possibles. Nous devons au philosophe Pierre Cassou-Nogues, auteur de "Mon Zombie et Moi" (P. Cassou-Noguès, Mon zombie et moi. La philosophie comme fiction. Le Seuil, collection "L’Ordre philosophique", 2010) cette méthodologie pour penser des images du sujet de façon nouvelle.
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