Pourquoi les Zombies sont-ils si affamés ? Des mort-vivants entre psychanalyse et économie politique I
Rédigé par J-C Dardart Aucun commentaireCette question pourrait paraître idiote car si les zombies dévorent c’est parce qu’ils ont faim. Mais cette faim n’est pas celle du besoin physiologique. Les zombies dévorent même sans appareil digestif car ils n’ont pas besoin de se nourrir pour vivre : nul nourriture leur est nécessaire pour continuer d’être des morts qui vivent, contrairement aux vampires. D’autres pourraient me répondre plus pertinemment que les zombies mordent pour se propager et transmettre leur virus. Seulement ils peuvent tout autant mordre et griffer que dévorer complètement leurs victimes. Si le seul but était la propagation alors il n’y aurai rien qui pousse un zombie à aller jusqu’au bout de sa folie consommatrice. Cette absurdité pourrait être la conséquence irrationnelle d’un système défaillant et illogique qu’incarne la marche mortifère et inane des mort-vivants. Et effectivement, il y a bien quelque chose qui n’a rien avoir avec la Raison qui pousse les zombies dans leur insatiable fringale. Et de « pousser », c’est bien de cela dont il s’agit : la pulsion, qui se définit premièrement comme le « caractère de ce qui pousse ».
Il serait inutile de continuer à lire la suite si cette réponse était suffisante. Dans cet article il s’agira de spécifier, de quelles pulsions il s’agit et comment elles opèrent dans le capitalisme. Je veux démontrer que les zombies sont la parfaite illustration de ce que Marx nomme « pulsion enrichissement » et « pulsion d’accumulation », toutes deux se résumant par ce qui pousse au « toujours plus ». Pour comprendre ce qu’on peut entendre par là, et qui est au cœur du capitalisme, nous verrons comment la pulsion apparaît chez Marx à travers des choix dans la dernière traduction en date (2016) du Capital Livre I. Puis nous verrons comment elles sont utilisées par Freud et Keynes dans leur vision quasi commune du monde. Cela ne vous aura sans doute pas échappé, mais il y a un « I » à la fin du titre sous entendant une suite. A cet article, deux autres suivront sur le même thème : l’efficacité de la figure du zombie pour illustrer ce qui croise psychanalyse et critique du capitalisme.